À propos


Pourquoi Jaleo ?

Jaleo [prononcé raléo avec la jota] vient du verbe espagnol Jalear qui étymologiquement signifie animer, attirer l’attention. Très utilisé dans le flamenco, il porte aussi le sens de désordre créatif, d’émulation. L’âme de Jaleo c’est ce bouillonnement d’idées associé à un véritable besoin de créer.


Il ne  suffit pas d’avoir de l’or dans les doigts pour être cet alchimiste génial capable de poser sur l’établi vos idées les plus fabuleuses, vos rêves machiavéliques. Il faut également porter en soi tout un univers de fantasmagories et de chimères afin de transformer l’utopie en matière vivante.
Ainsi dans son repère béglais, au gré du métronome de sa radio toujours branchée sur la mélancolie active de son adolescence joyeuse et sauvage, à l’heure où ceux qui se lèvent tôt ne sont pas encore couchés, Jean-François Huchet dirige au quotidien une chorégraphie minutieuse où la varlope, le guillaume, le ciseau, la scie circulaire et le marteau, assemblent les pièces d’un extraordinaire puzzle où les motifs finissent toujours par étourdir.
Faut dire, qu’avant de poser les mains sur ses outils, Jean François s’est longtemps réfugié dans l’ombre du spectacle vivant où il officiait comme éclairagiste et sonorisateur, avec cette exigence toute particulière de magnifier le clair-obscur et d’amplifier les chuchotements afin qu’ils caressent délicatement nos oreilles.
Cette quête de perfection, du détail profond, ce souci d’exactitude, l’accompagnent aujourd’hui dans la totalité de ses réalisations.  Il est vrai que ces années exercées à répondre aux exigences de metteurs en scène monomaniaques, de copier le réel-vrai figé dans le polystyrène expansé, de rectifier la mécanique savante des roues et des pignons dans l’antre turbulent des ateliers décors de l’Opéra National de Bordeaux ont forgé une discipline et une intransigeante méticulosité.

Il est à la fois cet « ouvrier du drame » capable de relever les défis du théâtre contemporain, Maître des Illusions s’acharnant à faire revivre nos rêves perdus, mais également ce contemplateur hyperactif dont il est le seul à trouver écho dans l’élaboration concrète de la poésie inspirée de ses délires. Ainsi son atelier est cet éternel « showroom » bouillonnant de ses dernières productions où trônent ses maquettes en chantier, les croquis sommaires, les pommades odorantes, les nombreuses commandes que l’on ne compte plus et auxquellesil répond avec la même impulsion et ingéniosité qu’il instille le savoir de ses mains calleuses aux nombreux et nombreuses stagiaires passés par là.
Car Jean-François est avant tout un généreux, un de ceux qui ne compte plus le temps depuis que le temps s’est invité dans son repaire comme un complice des nombreuses nuits et des jours à l’écart du tumulte.
Inlassablement, le sédentaire voyage à travers les objets qu’il confectionne laissant les traces de sa patience dans la sciure et les rebuts.

Combien de nuits, s’est-il ainsi endormi au plus près du labeur, sur un lit improvisé à côté duquel trône sa cafetière chaude afin de veiller à l’élaboration scrupuleuse et au temps de séchage ? Mais si vous avez le malheur de l’appeler un jour de match, Jean-François vous renverra sans doute dans vos 22 mètres avant que de procéder au cas où vous seriez trop insistant, à un arrêt-buffet digne des plus grands matches du Top 14.
Le spectacle vivant, la publicité, le cinéma, la télévision, les musées et espaces d’exposition, les « concepteurs » en tout genre, mais aussi quelques rares privilégiés triés sur le volet, ont trouvé dans son savoir faire et son exigence, une réponse magnifique à leurs projets les plus dingues.
Si « Jaleo », la société qu’il a créé de toutes pièces afin de saluer dignement l’administration fiscale est aujourd’hui largement reconnue auprès des commanditaires, c’est sur ses seules épaules que reposent ce « bordel » incandescent, cette après-fête toute ibérique, cette arène jonchée des mouchoirs et des gerbes, de la sueur et du son, dans laquelle il aura mené son  lumineux combat d’artisan.



Renaud Cojo, Mars 21


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